1 Chronique du Corona Virus : une dystopie

Toute ressemblance avec des évènements à venir....

Après la fable de Michel Billé la semaine passée, je vous propose dans cette chronique hebdomadaire de l'épidémie, une dystopie. Contrairement à l'utopie la dystopie relate une histoire qui se passe dans une société imaginaire, détestable, dictatoriale et impossible à vivre... encore que. Cependant, elle peut s'inspirer de faits ayant déjà eu lieu. Merci à Wikipedia pour la fourniture d'informations sur la lèpre et les léproseries au Moyen-Âge.

Nous sommes en Septembre 2020, huit mois après le début de la crise. Toutes les mesures prises pour lutter contre le Covid ont eu jusqu'à présent peu d'effets. Elles ressemblent fortement à celles qu'on prenait au Moyen-Âge contre la lèpre et avec elles les explications qu'on donnait alors du fléau.

L'idée, même si elle n'est pas dominante, que l'épidémie est un châtiment de Dieu du type déluge ou destruction de Sodome et Gomorrhe, retrouve une actualité. D'ailleurs on s'emploie à prier Dieu pour qu'il intervienne une fois encore et épargne nos vies. Mais Dieu est bien las de nos exploits et semble se désintéresser de nous.

Malgré Nietzsche, la Raison et les valeurs laïques, Dieu n'est pas tout à fait mort. Où s'il l'est, il a laissé une place vide tout aussitôt occupée par une autre entité, elle aussi transcendante. Dieu est devenu dans l'imaginaire contemporain : la Nature. Comme Dieu s'était vengé des hommes et de leurs turpitudes, la Nature se venge et reprend ses droits. Face à ce châtiment, les hommes n'ont plus qu'à reconnaître leurs fautes et à faire leur mea culpa. Promis juré, après ce ne sera plus comme avant. Fini la pollution, la disparition des espèces, la déforestation, la loi du Marché, les pauvres , la 5G et le dernier aïe-phone.

Septembre 2020, on a tout essayé : confinement, répression, tests, masques, déclarations apaisantes, prières... rien n'y fait, le Covid 19 fait toujours des ravages et inspire la terreur. L'exclusion des contaminés est maintenant monnaie courante. Jusqu'à présent elle n'était pas officielle mais il a fallu être plus radical et aller plus loin. Comme pour la déchéance de nationalité instaurée par le regretté Hollande, le malade atteint du Corona est déclaré mort civilement et exclu de la communauté. Dans certaines régions, il peut même assister au simulacre de sa propre inhumation avant de rejoindre non pas la léproserie mais ce qu'on appelle la Coronaserie, lieu où sont regroupés les malades aux portes des villes dans les zones commerciales désaffectées. Decathlon, « à fond la forme », ici à Reims, a mis son magasin inutile à disposition. Les EHPAD aussi ont été mis à contribution surtout par leur expérience de la mise à l'écart d'un certain type d'individus.

Mais cette exclusion, géographique et civile de la communauté n'est pas sans compensation. Elle assure aux malades leur inclusion culturelle c'est-à-dire la reconnaissance de la Patrie mise en danger. Michel Foucault dans son Histoire de la folie à l'âge classique, page 16 de l'édition Gallimard cite : « Le pécheur qui abandonne le lépreux à sa porte lui ouvre le salut. »

Septembre 2020, une série de mesures sont données, plus radicales encore comme je l'ai dit. Elles visent à mettre la population sous la plus étroite surveillance possible. Les amendes pour non-respect du confinement sont des mesurettes à côté de celles qui ont maintenant cours.

Comme celle d'Oran dans la Peste d'Albert Camus, la ville et ses alentours sont fermés avec interdiction d'en sortir. Le territoire mis en quarantaine est partagé en districts, les districts partagés en quartiers, puis dans ces quartiers les rues sont isolées. Dans chaque rue des surveillants, dans chaque quartier des inspecteurs, dans chaque district des responsables de district, etc. Quotidiennement, les inspecteurs passent devant chacune des maisons dont ils ont la charge et chaque habitant doit se présenter à une fenêtre. Les présents sont notés. Si quelqu'un ne se présentent pas à la fenêtre, c'est soit qu'il est malade ou bien mort. Alors on trace une croix rouge sur la porte.

Comme on l'a vu déjà poindre en Mars-Avril, la dénonciation des personnes soupçonnées d'être porteuses du virus est devenue une pratique récompensée. On en profite d'ailleurs pour régler quelques comptes ou récupérer son logement loué à une personne trop fréquemment en contact avec les malades.

Chaque habitant doit se faire recenser. Une fois le recensement et le partage du territoire achevés, chacun doit s'enfermer chez soi, toutes les clefs sont rassemblées. Plus personne n'a le droit de sortir et de circuler dans la ville sauf muni d'un passeport et d'une étoile rose sur son vêtement. Pour éviter les déplacements, un dispositif est prévu pour l'alimentation par la livraison à domicile et un système d'approvisionnement par paniers et poulies pour les appartements. Les drive Mac Do, Flunch, Leclerc sont réquisitionnés.

Comme on ne peut plus sortir les chiens... qui eux-mêmes sortaient les maîtres attachés au bout d'une laisse... ils sont systématiquement mis en fourrières et euthanasiés. Des mauvaises langues font un parallèle avec les personnes âgées ou handicapées. C'est qu'elles sont peu sensibles aux communications officielles sur l'éthique, la dignité, le respect de l'autre, la fin de vie honorable... communications qui semblent avoir autant d'effet que la danse pour faire venir la pluie.

Enfin, chacun est muni d'un masque avec géolocalisation et identification intégrées de fabrication chinoise. Dans l'oreillette, elle aussi intégrée, le gouvernement rappelle régulièrement les gestes barrières.

Sur un mur, un graffiti : « aujourd'hui les gestes barrières demain les gestes barricades ».

Ainsi va le monde !

Didier Martz, philosophe Ainsi va le monde 406 chroniques philosophiques de la vie ordinaire www.cyberphilo.org

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