La joie mauvaise contre les juifs

Dans Philo-Magazine, Martin Legros signe cet article essentiel pour analyser, par-delà le cas Guillaume Meurice, le mouvement de rejet des israéliens – mouvement qui dénonce un génocide commis à l’encontre les palestiniens.

La joie mauvaise contre les juifs – Chronique du 8 mai de Jean-Pierre Hamel, philosophe

Bonjour-bonjour   Dans Philo-Magazine, Martin Legros signe cet article essentiel pour analyser, par-delà le cas Guillaume Meurice, le mouvement de rejet des israéliens – mouvement qui dénonce un génocide commis à l’encontre les palestiniens. Si l’humoriste de France-Inter est évoqué, c’est qu’il permet d’entrer dans l’explication de ce que nous vivons actuellement par le biais de « la joie mauvaise » analysée par Aristote, Nietzsche, Freud ou Schopenhauer. Car, que fait Guillaume Meurice ? On ne lui reproche pas d’accuser l’armée israélienne d’écraser sous ses bombes les gazaouis. C’est de se réjouir de voir combien les juifs sont indignes du respect que leurs malheurs leur valait. « Il (= G. Meurice) réactive ce que les Grecs appelaient épichairekakia et les Allemands Schadenfreude, la joie mauvaise qui trouve du plaisir dans le malheur des autres ». Et voici l’essentiel : « Avec cette finesse inédite dans l’attaque /sachant que l’opinion dominante est que les Juifs méritent des égards spécifiques/ qu’il s’agit de retourner contre eux toutes les blessures avec lesquels ils avaient eu l’indécence, jusqu’ici, de se présenter à nous. » (Article référencé)   - On lira les développements de cette analyse (1) qui nous éclaire sur le malaise qui nous saisit de voir ainsi les victimes devenir à leur tour des bourreaux, et les crimes horribles dont ils ont été les victimes (et ceux du 7 octobre revendiqués comme leur résurgence) être commis par eux-mêmes. Essayez un peu pour voir de parler de la « solution finale » déclenchée contre les Palestiniens. Il faut dire que, dans cette affaire, l’humoriste de France-Inter n’est qu’un exemple de ce malaise qui nous saisit devant cette joie (comprenez : le rire de la blague). En réalité, lorsque de partout montent les cris d’indignation il ne s’agit pas spécialement de savoir si on va rire ou s’indigner ; il s’agit plutôt de comprendre, comme nous l’explique Martin Legros, que « la question est de savoir si ceux … que cette joie mauvaise trouble ou désole, et ne fait pas rire, ont les ressources morales pour s’y opposer. » Quant à moi, je dirai que mon effroi n’est pas seulement de voir le rire mauvais me secouer ; il est de voir combien le rôle de victime et celui de bourreau sont interchangeables. Car s’il faut mobiliser des ressources morales, c’est bien devant la menace de ce retournement.


(1) En particulier cet extrait de la Rhétorique d’Aristote « Celui qu’afflige la réussite de gens qui n’en sont pas dignes se réjouira ou, du moins, ne sera pas péniblement affecté de l’échec des gens placés dans une situation contraire. Par exemple, à la vue de parricides ou d’assassins quelconques subissant leur châtiment, personne, parmi les gens de bien, ne pourrait éprouver de peine ; car on doit plutôt se réjouir d’un tel dénouement. »

Chronique à retrouver sur le blog : lepointdujourphilo.blogspot.com

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