Nous assistons en ce moment à un retour du conflit entre démocratie représentative et démocratie directe. Autrement dit entre la loi Duplomb, adoptée par la représentation nationale le 8 juillet et la pétition qui demande son abrogation et qui a recueilli à ce jour plus d’un million de signatures. Or, une telle pétition ne peut selon la Constitution obtenir un telle annulation, mais seulement un débat à l’Assemblée nationale.
- Selon cet article, Madame Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée a déclaré que, si « Un débat ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée », en revanche « on ne peut que constater les chiffres qui montrent qu’une partie des Français veut que l’on débatte ». C’est là que madame Braun-Pivet se trompe : les signataires ne vont pas se contenter d’un débat en estimant très probablement que leur nombre prouve que le peuple français rejette cette loi « écocidaire », et que, par ailleurs, aucune loi, même votée par la représentation nationale n’a de légitimité dans ce cas. Je suppose qu’on est revenu à l’époque des Gilets-jaunes (mais l’avons-nous jamais quittée ?) où les ronds-points clamaient « Nous sommes le peuple ! » et réclamaient les pleins-pouvoirs.
On pourrait comparer les chiffres : 1 million de pétitionnaires versus une trentaine d’électeurs aux dernières législatives représentés par les députés. Mais on a mieux à faire : mettre sur la table les lois auxquelles nous avons tous souscrits implicitement depuis le vote de 1958 et qui, en décidant de choisir la constitution de la 5ème République, fixe les lois qui s’imposent dans tous les cas sur tout autre expression de la volonté populaire.
- On dira « Depuis 1958, que de choses ont changé ! Qui nous dit qu’un nouveau scrutin constitutionnel donnerait le même résultat ? » En effet. Sans mettre en cause l’adoption d’une nouvelle constitution (comme LFI) pourquoi ne pas introduire un vote de confirmation constitutionnel qui redonnerait de la vigueur à notre République – un peu comme la « Fête-sed » au temps de Pharaons ? Rappelons que, selon les historiens, les fêtes-sed consistaient à l’origine dans les sacrifice du chef de clan devenu trop vieux et à son remplacement par un nouveau chef.
On comprend que nos dirigeants ne soient pas trop pressés qu’on ressuscite ce rituel. Et pourtant…