Les vendredis de la philosophie

Didier Martz et Jean-Pierre Hamel, Philosophes, proposent :

UN ARBRE NOUS CACHE-T-IL UNE FOR ÊT ?

Qu’est-ce qu’une forêt ?

Nous pensons le savoir, mais dès que nous voulons la définir, elle nous échappe.
Est-ce celle de nos enfances et de ses mystères, celle des contes et du Petit Poucet, celle de la chanson où l’on se promène dans les bois…, celle du cours de sciences naturelles, celle qui brûle, celle qu’on dévaste ou encore celle qu’on civilise par des chemins de randonnée ?

La pensée se brouille et s’embrouille. Néanmoins, il est possible d’en faire un sujet philosophique. Et comme il n'y a pas de forêt sans arbres, bien qu'on puisse imaginer très facilement un arbre sans forêt. Si un arbre est placé au premier plan, il masque l'arrière-plan, la forêt. Comme un doigt peut masquer la lune. On jugera cela assez extraordinaire qu'un si petit objet puisse en masquer un si grand ! Est-ce une illusion ? Du tout. L'arbre masque bien la forêt et mon doigt la lune. Il faut un bon exercice de raison pour corriger le tir, enfin l'illusion. Comme je redresse par la raison le bâton brisé plongé dans l'eau de Descartes. Il est tout à fait possible, bien sûr de se concentrer sur l'arbre, si tel est notre désir, mais en sachant que je perds la forêt. Un simple va-et-vient permettra de profiter des deux. Mais, qu'on le veuille ou non, être sur l'un, ce n'est pas être sur l'autre. Quelques grands esprits en ont fait une métaphore. Elle signifie qu'une personne se concentre sur un détail (l'arbre) au lieu de voir l'ensemble d'une situation (la forêt). Jusque-là, il n’y a pas eu de jugement de valeur. Cependant, la situation se complique si l’on fait référence à une tendance à se laisser distraire par des éléments superficiels, négligeant ainsi des aspects plus importants ou plus vastes. En d'autres termes, il s'agit de perdre de vue le tableau global à cause d'une focalisation excessive sur un élément particulier. Focalisation jugée fautive dans la philosophie essentialiste. S'attacher aux détails du monde sensible, de l'existence, c'est perdre de vue l'essentiel. Cette expression est souvent utilisée pour encourager une vision plus large et une réflexion plus approfondie. Mais si l'inverse était aussi sinon plus pertinent ? Et que, dans le détail se niche, sinon le diable, mais des valeurs, des principes, une manière de philosopher différente ?

Médiathèque Jean Falala – Reims Vendredi 30 Mai 2025 - 18h–19h45

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