Ainsi va le monde n° 388 - Vers une troisième guerre mondiale ?

On s'alarme à l'idée d'un risque de troisième guerre mondiale. A raison, si on s'en tient aux propos des deux psychopathes qui de part et d'autre du monde s'envoient des noms d'oiseaux et plus encore des menaces de déclenchement de guerre nucléaire. On pense sans rire à l'émission « Questions pour un champion » où, sinon le meilleur mais le plus rapide, appuie sur le bouton rouge. On pense aussi, et toujours sans rire, aux animaux qui ont besoin de marquer leur territoire. Ils y dépensent beaucoup d'énergie et multiplient les manières : soit en chantant ou en criant (les oiseaux par exemple), soit en déposant des substances odorantes (phéromones contenues dans des glandes sur les différentes parties du corps ou dans les urines et les selles), soit en faisant des marques visibles (griffades, grattement du sol).

Les hommes ont eux aussi leurs propres moyens. Êtres de culture, ils s'emploient à se différencier des animaux en évitant des stratégies primaires comme celles que je viens de citer. En effet, on voit mal le président Trump ou celui de Corée du Nord au nom imprononçable se rencontrer sur un pré et marquer chacun leur espace en fonction de leur capacité physique et de leurs incontinences ! Cette pratique aurait quand même l'avantage de rendre la compétition moins coûteuse qu'une guerre. Êtres de culture, les hommes sont aussi des êtres de parole même s'ils ne la tiennent pas toujours. Ils peuvent ainsi marquer leur territoire par des invectives, des affirmations péremptoires ou des jugements catégoriques. Là encore, la pratique est plus économique que l'envoi de missiles atomiques.

Ceci étant ce n'est pas tant le marquage de territoire qui m'intéresse ici mais la guerre et l'idée de troisième guerre mondiale encore que la guerre soit entre autres fondée sur la propriété d'un espace qu'il faut marquer et défendre. Pour indiquer d'abord et plutôt abruptement qu'il n'y a jamais eu de guerre mondiale, ni première, ni deuxième, puisque toujours limitée à quelques belligérants et non pas au monde entier même si ses effets ont dépassé le cadre des quelques pays impliqués. Pour indiquer, ensuite, qu'il y a un état de guerre permanent et toujours en partie mondialisé au vue des théâtres d'opérations disséminés un peu partout dans le monde et depuis un moment. Ainsi l'armée française est engagée physiquement dans onze pays et on notera que les occidentaux ont su exporter les conflits en dehors de leur territoire même s'ils nous reviennent sous la forme des attentats. Ne dit-on pas d'ailleurs que nous sommes en guerre ?

Par conséquent, la guerre est déjà là, bien présente, bien coûteuse en vies humaines, en énergie, en dépenses, etc. et si on fait le bilan depuis 1945, il est probable que les coûts soient sinon supérieurs au moins équivalents.

Or les femmes et les hommes aiment la paix, fondamentalement. Ils sont pacifiques de nature mais sont aussi prêts à s'embarquer dans n'importe quelle aventure guerrière, peut-être parce que parfois ils s'ennuient. Comme dans ce XIXème siècle si ennuyeux qui faisait dire au romantique poète Théophile Gautier, « la barbarie plutôt que l'ennui ». Il fut par la suite largement écouté !

Il est grand temps aujourd'hui de convertir le sentiment pacifique en force politique pacifiste contre les va-t-en guerre de toutes sortes. Ce n'est pas sans risque. Écoutez bien ceci. Paris – 21H40 - 31 juillet 1914. Sur le trottoir, au coin de la rue Montmartre et de la rue du Croissant, près des Grands Boulevards, un homme sort un revolver, écarte le rideau du Café du Croissant et tire deux balles. Jean Jaurès est pris par la rédaction d'un article pour son journal "L'Humanité" en faveur de la paix. Il espère provoquer un sursaut capable de stopper la guerre qui semble imminente. Atteint à la tête, il s'écroule sur la table. 31 Juillet 2017, la mémoire officielle n'aura pas fait son devoir et aura oublié de commémorer l'évènement de peur de réveiller la fibre trop pacifique et non-violente qui dort en chacun de nous. Ainsi va le monde !

Didier Martz, essayeur d'idées et philosophe, mercredi 18 octobre 2017 www.cyberphilo.org Sur RCF Reims Ardenne, Radio Lépine, Radio primitive, Radio Mau Nau...

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