29 – C'est bien fait pour vous !

Le rocher n'est un obstacle que pour celui ou celle qui veut l'escalader

C'est bien fait pour vous. Plutôt que de vous contenter de votre situation, voilà que vous vous mettez à avoir des envies, des attentes, des projets, des revendications. Et c'est là que les ennuis commencent et que les obstacles se dressent.

En général, mais pas toujours, vous commencez par accuser les choses, les gens et pourquoi pas le monde de se mettre en travers de votre route. C'est bien utile, car moins il y a de choses qui dépendent de vous plus vous gagnez en innocence. Vous ne pouvez rien y faire. Justement, « ne rien y faire » c'est-à-dire qu'innocent de tout vous perdez en capacité à agir. Contre la mauvaise fortune vous pouvez toujours faire bon cœur ; face à une situation ou un destin défavorable, il est inutile de se lamenter. Il faut au contraire accepter son sort et chercher à en tirer le meilleur profit. Ou bien avec le philosophe Descartes, reconnaître que la volonté est libre et infinie et par conséquent « tâcher à vous vaincre plutôt que la fortune ». Mais rien n'y fera, devant votre projet se dresse les choses, les êtres et le monde qui vous empêchent objectivement d'avancer.

Eh bien non. C'est vous qui vous êtes mis dans un tel pétrin et c'est bien fait pour vous. Il est inutile d'invoquer une quelconque adversité qui vous tomberait dessus et viendrait se mettre en travers de votre route et nuire à votre liberté d'action. Certes, comme dit Jean-Paul Sartre, philosophe français du XXe siècle, les choses ont ce qu'il appelle un « coefficient d'adversité », coefficient plus ou moins important, mais, ajoute-t-il, ça ne saurait être un argument contre votre liberté et votre volonté.

Pourquoi donc ? Parce que vous êtes responsable de cette situation ! Car c’est par vous, vous qui vous êtes fixé un objectif et conçu un projet que le problème arrive. C’est-à-dire que c'est par « la position préalable d’une fin que surgit ce coefficient d’adversité ». Et plus votre ambition - ou prétention - sera haute plus le coefficient d'adversité des choses sera élevé. Reprenons l'exemple donné par Sartre à notre manière :

Imaginons un « promeneur solitaire » (Rousseau) croisant dans sa promenade un rocher. Dans un premier temps, il lui est profondément indifférent. Mais dans un second temps, piqué par on ne sait quelle mouche, il entreprend d'escalader le rocher pour admirer on ne sait quel paysage. Et voilà, s'en est fini de sa tranquillité. Par son projet, le rocher devient un obstacle à franchir.

On objectera que c'est toujours ainsi dès lors que l'on veut réaliser ou obtenir quelque chose. Si l'on ne veut rien faire, en effet, rien ne vient se mettre en travers d'une route qu'on n'a pas envie d'emprunter. Objection retenue. On retiendra quand même que selon votre degré d'ambition, le coefficient d'adversité du rocher variera dans les mêmes proportions. Et ainsi soit il « manifestera une résistance », soit il sera « une aide précieuse » en fonction de l'objectif du promeneur. Ceci pour dire que le rocher n'est rien en lui-même et qu'il attend sagement d'être éclairé par une fin, la vôtre, un but, le vôtre, pour « se manifester comme adversaire ou comme auxiliaire». Je me demande ce qu'en penserait mon ami Jérôme, tétraplégique.

En conclusion, ce qui arrive n'est pas bien fait POUR nous, mais bien... fait PAR nous. Cette leçon vaut bien un fromage, dit le Renard de la fable. Ainsi va le monde !

Didier Martz Essayeur d'idées ou philosophe 13 mars 2021 https://youtu.be/4dAw1kopB3c

www.cyberphilo.org Ainsi va le monde : un livre de chroniques philosophiques de la vie ordinaire

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