Ainsi va le monde n° 378 - Le temps ne fait rien à l'affaire

Loi sur la réforme du code du travail, loi de moralisation de la vie publique, constitutionalisation de l'état d'urgence... voilà des sujets qui vont occuper le nouveau gouvernement et la société française dans les semaines et les mois à venir. Un grand vent de réformes comme on n'en a jamais vu, souffle ou va souffler sur l'hexagone. Mais ce n'est pas tant la nature des réformes qui a mis Eole, le grand maître et régisseur des vents en mouvement, mais plutôt la jeunesse de ceux qui les porte...

Loi sur la réforme du code du travail, loi de moralisation de la vie publique, constitutionalisation de l'état d'urgence... voilà des sujets qui vont occuper le nouveau gouvernement et la société française dans les semaines et les mois à venir. Un grand vent de réformes comme on n'en a jamais vu, souffle ou va souffler sur l'hexagone. Mais ce n'est pas tant la nature des réformes qui a mis Eole, le grand maître et régisseur des vents en mouvement, mais plutôt la jeunesse de ceux qui les porte.

En effet, les mesures annoncées ont déjà fait l'objet de lois, de propositions ou de projets de loi divers et variés dans les gouvernements précédents et il n'y a là rien de bien nouveau. Non ce qui change, ce qui font qu'elles sont nouvelles, c'est qu'elles viennent de Jeunes. Pour conduire un tel train de réformes, il faut être Jeune.

Les français qui veulent le changement l'ont bien senti : ce n'est pas avec des vieux qu'on peut faire avancer la société et lui permettre, comme on dit en langue de bois, « de faire face, à l'aube du XXIème siècle, aux grands enjeux de la mondialisation. » C'est pourquoi ils ont porté à la présidence de la République une homme de 39 ans et porteront à l'Assemblée Nationale nombre de députés...jeunes. Certes, on leur reprochera d'être inexpérimentés mais justement c'est ce qui fait leur force : il leur suffit d'être jeunes. On fera remarqué aussi que les jeunes justement n'ont pas voté pour les « jeunes », que sur les 21 ministres, 16 ont plus de 50 ans mais là n'est pas la question.

La question c'est que dans cette affaire, que les élus soient jeunes ou pas, un autre vent s'est mis à souffler. Il n'était d'ailleurs pas vraiment retombé mais il a pris ici un tour plus insidieux où pour le coup, les vieux en prennent un coup, un coup de vieux ! Bien qu'on ne sache pas très bien à quel âge finit la jeunesse et commence la vieillesse, on sait que dans notre pays la vieillesse, être vieux, est un problème voire un risque. On sait que la vieillesse commence lorsqu'on est réfractaire à la nouveauté. Peu importe la nature de la dite nouveauté. On sait que la performance, la rentabilité, l'utilité est plutôt du côté du jeune que du vieux.

On me reprochera, vu mon âge, un réflexe corporatiste. Non, je m'interroge plutôt sur ce phénomène qui pare soudainement la jeunesse de toutes les vertus et que par contrecoup, on impute à la vieillesse la stagnation supposée de notre société. Le jeune n'est ni de droite, ni de gauche, ni d'aucun courant politique ou idéologique ; le jeune n'est ni pauvre, ni riche ; le jeune n'est d'aucune classe sociale : il est jeune voilà tout. Cette virginité politique et sociologique, le dispense de tout noviciat, ce temps de l'épreuve nécessaire à l'expérience.

Et cette promotion de la jeunesse n'est pas seulement propre au domaine politique. On se demande aussi si Didier Deschamps, l'entraîneur de l'équipe de France de football, ne devrait pas laisser plus de place aux jeunes ? Et même si un quinquagénaire voire au-delà est, de nos jours, en pleine forme physique et intellectuelle, l’âge relativement élevé (sic) des dirigeants préoccupe souvent les PDG, qui demandent à leurs responsables des ressources humaines de leur trouver de jeunes directeurs.

Eh oui, comme le suggère le livre de Romain Gary, on considère qu' au-delà d'une certaine limite, le ticket n'est plus valable et que là, le parcours s'arrête et il est temps de gagner la sortie. Mais qu'on se rassure, jeunes ou vieux, le temps ne fait rien à l'affaire nous dit Georges Brassens, quand on est con, on est con ! Ainsi va le monde !

Didier Martz, philosophe, mercredi 14 Juin 2017

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