Ainsi va le monde n° 319 - Demain

Nous savons que l'humanité va mourir. Le processus est engagé, la catastrophe est en cours mais nous faisons comme si « de rien n'était ».

L'autruche a imaginé depuis longtemps la stratégie qui consiste à enfouir la tête dans le sable pour ne pas voir le monde comme il va ! Dans l'histoire de l'humanité, nous arrivons en effet, je crois, à la quatrième extinction de l'espèce humaine qui ne survivra pas à des températures équivalentes à celles qui précédaient son apparition.

Mais inutile d'aller plus loin en multipliant les constats dramatiques et les visions cataclysmiques sur la raréfaction des ressources, la crise des écosystèmes, le réchauffement climatique, sur le monde que nous allons laisser à nos enfants, etc. Il y a sans doute des vertus pédagogiques à l'usage de la peur ou de la culpabilité mais elles ne favorisent pas les prises de conscience.

Par contre, si ce n'est déjà fait, allez voir ou revoir « Demain » le film-documentaire cosigné par l'actrice-réalisatrice Mélanie Laurent et Cyril Dion, cofondateur du mouvement Colibris (avec Pierre Rabhi). Sans ignorer la catastrophe en cours et les abus de toutes sortes, les deux réalisateurs montrent que partout des solutions existent qui permettent de se dire qu'un autre monde est possible, que d'autres logiques peuvent animer l'économie, l'éducation, l'urbanisation, la démocratie, la façon de se nourrir.

Partout dans le monde et par centaines ou milliers d'exemplaires, des bouts d'utopies réalistes sont concrétisés par des femmes et des hommes. Ils créent des monnaies locales à l'abri des spéculateurs, ils plantent des « incroyables comestibles » qui occupent dans les villes la moindre parcelle de terrain et sont à la disposition de tous ; ils inventent des nouveaux types de démocratie et reprennent à leur compte les principes de l'école nouvelle. Et pas très loin de chez nous, à Lille dans le Nord, Pocheco, une fabrique d'enveloppes en papier, pratique ce qu'on appelle l'Écolonomie avec ce principe : on peut entreprendre sans détruire. Elle démontre qu'il est plus économique de travailler de façon écologique et qu'on peut se passer de la bourse et des actionnaires plus préoccupés de toucher des dividendes que d'investissement. Et, regardez de près, de très près, le mouvement des villes en transition énergétique qui comptent bien se passer du pétrole et des énergies fossiles dans les décennies à venir.

Un film qui rend optimiste et redonne de l'espoir. De plus, il montre que ici et là, à portée de mains, des révolutions minuscules peuvent s'opérer. Il suffit, comme dans ce village de l'Inde, que le maire mette dans deux maisons voisines des pauvres de la caste des intouchables et des pauvres des castes supérieures (oui ce n'est pas parce qu'on est supérieur qu'on est riche!). Mais après avoir vu le film, comme le dit Mélanie Laurent, vous risquez d'être assez souvent tristes et révoltés devant un papier ou un mégot qui traînent !

Enfin, toutes ces actions sont une heureuse illustration de ce qu'évoquait récemment le pape François au Mexique : jeter des ponts plutôt que de construire des murs ! Ainsi va aller le monde ! Le 24 Février 2016

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