Les migrations de l’humanité par Christian Noorbergen, philosophe

On connaît la rengaine, aimer les autres, n'en déplaise à la plus haute morale, est quasi impossible. Plutôt qu'aimer les autres, race lointaine, obscure et indéfinie, il est préférable d’aimer ceux de sa ville. Plutôt que ceux de sa ville, préférer ceux de sa rue. Puis ceux de sa maison. Enfin, plutôt que s’aimer soi-même, aimer d’abord son nombril. Bref la vie tribale, il n’y a rien de mieux !

Tout de même, l’histoire d’œuf rance n’est qu’harmonie, luxe, calme et volupté. Pas de notre faute, si là-bas, on s’étripe jusqu’à plus soif de sang. Pas de notre faute, si on est si bien chez nous qu’il faut bien nous protéger. Sinon des hordes de réfugiés d’outre-monde viendraient regarder TF1 dans nos fauteuils, pourraient vociférer à notre place qu’un sang impur abreuve tous les sillons du monde, et oseraient même venir violer celles de nos braves grand-mères qui n’auraient pas eu le temps d’aller se réfugier dans des régions sûres et accueillantes ! Un comble !

Il paraît cependant qu’un certain nombre d’illuminés seraient prêts à accueillir chez eux des frères en misère humaine, des dévastés de la vie, et des rescapés d’horreur infinie. Pour cela, qui ne prête pas à rire, ces altruistes seraient capables d’aimer l’autre qui est en soi, et même les autres, les lointains devenus si proches. Ils seraient capables d’œuvrer en équipe, en lien avec les instances qui savent parfois être constructives et généreuses, et les bonnes volontés qui font l’humanité.

La réalité humaine serait-elle un terrain de parcours à partager plutôt qu’un champ de ruines ?

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